Départ à 6h en bus devant la Faculté des Science Economiques et Sociales, encore à moitié endormis, que débute notre petit voyage en direction de Lyon pour les JECO, les Journées de l’économie 2016.
Quatre heures de bus plus tard, nous arrivons à Lyon avec en fond de magnifiques paysages recouverts de neige qui pointait déjà le bout de son nez en ces 8 et 9 novembre 2016.
Nous sommes tout d’abord passé à la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Lyon pour finaliser nos inscriptions. Le palais de la Bourse (ou palais du Commerce) est un magnifique bâtiment de 1860, qui regroupe différents organismes commerciaux tels que la Chambre de Commerce, le Tribunal de Commerce, le Conseil des Prud’hommes, etc. Nous avons été accueillis dans la salle centrale appelée salle de la Corbeille qui est constituée d’arcades superposées formant des galeries ornées par des statues représentant les quatre éléments.
Nous sommes ensuite partis direction la Bourse du Travail pour assister à la première conférence de la journée sur le thème « le monde est devenu différent ». Nous avons eu l’opportunité d’écouter les avis de plusieurs intervenants dont Laurent Berger (Secrétaire national de la CFDT) qui lui, voit le monde plus horizontal ou Louis Galois (Président du Conseil de Surveillance de PSA Groupe) qui voit le monde comme moins prévisible à cause notamment de la mondialisation, de la financiarisation mais aussi de l’évolution numérique et technologique qui font que le monde a énormément changé ces 20 dernières années.
Après 1h de débat, nous avons finalement pu aller prendre nos chambres d’hôtels et aller manger pour ensuite revenir suivre une deuxième conférence avec le pris Nobel de l’économie de 2014, Jean Tirole, sur le thème : « A quoi servent les économistes ». Cette conférence se présentait sous la forme de question/réponse entre un groupe d’élèves qui représentaient leurs universités et Jean Tirole, sur des thèmes comme leurs inquiétudes concernant leur avenir en tant qu’économistes mais aussi sur la vision de l’économie en général.
J’ai personnellement beaucoup apprécié les réponses de Jean Tirole qui étaient à la fois complètes et très simple à comprendre. C’était très enrichissant ,car ce sont aussi des questions que nous nous sommes posées à moment ou un autre de nos études et dont nous n’avions pas forcément les réponses.
Il a également longuement débattu sur la notion du pouvoir des économistes qui est finalement moindre à court terme mais qui peuvent, à long terme, faire changer les choses malgré qu’on ne les écoute que très peu. Et c’est sur cette phrase : « Les économistes recherchent le bonheur de la société » que Jean Tirole a conclu cette conférence.
Le lendemain fut une journée moins chargée car nous n’avions le temps de participer qu’à une seule conférence avant de reprendre le car pour rentrer.
Nous avons donc pris la décision de choisir un sujet qui nous intéresse particulièrement et nous n’avons pas été déçu.
Cette conférence abordait un sujet plutôt sensible vu le contexte actuel des attentats terroristes. Son sujet : « Les rouages économiques des groupes djihadistes ».
Trois intervenants, Diego Gambetta, Jean-Paul Azam et Paul Seabright, ont expliqué leurs récentes recherches sur le thème du recrutement des groupes djihadistes.
Le premier, Professeur Gambetta a étudié les profils des recrues de Daesh grâce à deux échantillons d’individus : Le premier comporte 500 hommes nés dans plusieurs pays musulmans et le deuxième se compose de 347 hommes nés dans les pays occidentaux. Grâce à ces deux échantillons, il a pu en déduire que les recrues dans les pays musulmans sont des hommes, qui ont suivis des études du secondaire dont un plus grand nombre d’ingénieurs. Le deuxième échantillon, au contraire, démontre qu’il y a eu un phénomène de marginalisation des individus en comparaison avec le 1er échantillon avec une proportion deux fois moins élevée d’hommes ayant fait des études.
C’est très intéressant, car c’est plus ou moins ce que nous avons pu remarqué avec les récents événements survenus notamment à Paris ou à Bruxelles.
Le deuxième intervenant, Jean-Paul Azam, et le troisième, Paul Seabright, ont eux parlé principalement des motivations des recrues de Daesh avec comme rôle principal la violence extrême et de sa diffusion massive sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Youtube. Mais aussi une certaine fascination pour l‘apocalypse qui est mise en scène par les djihadistes afin de motiver les recrues à rejoindre ces groupes pour « la bataille finale ».
Un modèle a d’ailleurs été créé pour expliquer ces motivations avec trois valeurs importantes : la première est la valeur d’une attaque sanguinaire pour un individu qui dépend d’un indice de couverture médiatique, la deuxième est la valeur de mourir maintenant sur les lieux décrits dans l’Apocalypse et la troisième est la valeur présente d’une vie tranquille loin du djihadisme et de la violence.
Si la somme de la première et la deuxième valeur est supérieure à la troisième, cela veut dire que l’individu a plus de chance de rejoindre le djihad car sa vie présente ne lui suffit pas. Ce n’est plus seulement la volonté de se sauver soi-même mais également de sauver ces proches qui devient un facteur important.
Ce modèle permet donc de voir que ces facteurs peuvent être influencé afin de réduire le nombre de recrues et donc de diminuer l’influence de Daesh, par exemple en donnant envie aux personnes de rester en France en leur donnant un travail stable ou en montrant que l’apocalypse n’est pas autant proche que ce que les djihadistes affirment.
Ces conclusions sur l’économie des djihadistes ont été une révélation pour nous tous car c’est une vision que nous n’avons que très peu entendu parler dans les médias et ça nous permet de rationnaliser quelque chose que nous avons de la peine à comprendre. C’est d’ailleurs en comprenant mieux la stratégie de ces groupes que nous pourrons peut être mieux les combattre et mettre fin à cette terreur que ces groupes infligent un peu partout dans le monde.
Et c’est à 13h que finalement nous reprenons le car pour rentrer à Fribourg, avec l’envie d’acheter tous les livres des intervenants pour en savoir encore plus à propos de ces sujets qui nous ont passionnés.
Ce voyage nous a apporté beaucoup sur la vision de l’économie en général et ça nous a permis de mettre encore plus en relation l’actualité et ce qu’on étudie à l’université de Fribourg. C’est quelque chose que je trouve très important de faire en tant qu’étudiante car ça rend les études plus attrayante si on peut identifier des problèmes actuels et que nous nous rendons compte par nous même que nous sommes en mesure de les résoudre, ou tout du moins d’essayer.
Yaël Mento, étudiante en Gestion d’entreprise, 3ème de Bachelor