Le Professeur Sergio Rossi a été auditionné le 4 mai 2017 par la Conseillère économique du Ministre des finances des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem, dans le cadre d’un rapport scientifique qu’elle doit rédiger pour la fin de cette année en ce qui concerne les réformes monétaires qu’il convient de mettre en place au plan national afin d’éviter une nouvelle crise financière d’ordre systémique. Durant son audition de deux heures, le Prof. Rossi a mis en lumière l’origine monétaire-structurelle de la crise financière, qui réside dans le fait que les banques n’ont
de facto aucune contrainte à respecter lorsqu’elles décident d’octroyer des crédits à toute sorte d’agents économiques. L’absence de distinction entre monnaie et crédit dans la comptabilité à partie double des banques leur permet d’octroyer des crédits qui vont au-delà de l’épargne disponible, même lorsque ces opérations financières ne contribuent aucunement à la formation d’un revenu national car elles concernent des transactions purement spéculatives. De par sa nature, l’émission monétaire étant associée à l’octroi d’un crédit bancaire implique que les banques doivent affiner leur propre comptabilité en distinguant explicitement les crédits octroyés pour des opérations qui aboutissent à une augmentation du revenu national – et qui dès lors ne doivent pas être financées par une épargne préalable – des prêts accordés pour des opérations qui sont à somme nulle dans l’ensemble du système économique et qui de ce fait doivent reposer sur des fonds prêtables. Cet enjeu montre clairement que les réformes de la réglementation financière, à l’instar des accords de Bâle, ne peuvent pas éradiquer l’origine monétaire-structurelle des crises financières car elles s’attaquent aux comportements des institutions financières ignorant les dysfonctionnements du système monétaire en tant que tel.