Le Professeur Sergio Rossi a été auditionné par la Commission des finances du Conseil national le 17 octobre 2025 au sujet de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières en Suisse.

Durant son exposé, le Prof. Rossi a mis en lumière les avantages de cette taxe pour l’économie nationale. Elle aurait notamment quatre effets majeurs au niveau macroéconomique et donc des conséquences positives pour le système économique suisse dans son ensemble. La première conséquence, et la plus importante, est que l’introduction d’une taxe sur les transactions financières diminuerait de manière considérable le volume des transactions financières à haute fréquence («high frequency trading») dont la très grande partie n’apporte rien en termes de croissance économique, d’emplois et de recettes fiscales. Ce sont des transactions purement spéculatives qui affectent la stabilité financière de l’ensemble de l’économie nationale.
Le deuxième avantage de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières est que l’émission et la vente de titres ne devront plus être soumises au droit de timbre. Les entreprises qui vont émettre des titres en Suisse vont donc bénéficier de cette abolition, même si elles devront payer une petite taxe sur les transactions financières, qui pourrait être de 0,1 pour cent. Cela permettrait de financer, entre autres, la 13e rente AVS ou d’autres dépenses de l’État.
Le troisième effet important de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières concerne le taux de change du franc suisse: étant donné qu’une grande partie des transactions financières est libellée en monnaie nationale, l’attractivité du franc suisse va diminuer, donc son taux de change va se déprécier, ce qui entraînerait, pour bien des entreprises, une baisse des coûts qu’elles doivent assumer pour couvrir les risques de change. Si le taux de change du franc suisse diminue, cela va aussi permettre aux entreprises en Suisse d’augmenter leurs exportations.
Quatrièmement, une taxe sur les transactions financières va pousser les banques à orienter leur flux de crédits vers des activités productives, à savoir, des activités liées à l’économie réelle. Aujourd’hui, une PME qui doit demander un crédit bancaire est souvent en difficulté, parce que les banques jugent que la rentabilité d’un tel crédit est moindre que de placer l’argent sur les marchés financiers, où la rentabilité attendue est plus élevée dans un horizon temporel beaucoup plus court.
Une taxe sur les transactions financières va influencer les choix stratégiques des banques, qui vont alors davantage s’orienter vers le territoire, soutenant notamment les PME par l’octroi de crédits. Cela va permettre une plus solide croissance économique, va augmenter la stabilité financière de l’économie nationale et va augmenter les recettes fiscales de la Confédération, qui pourra les utiliser pour éviter des coupes budgétaires comme c’est le cas à présent dans bien des domaines.
Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire